Francine Chaîné, membre honoraire 2023

Hommage à Francine Chaîné

La Société québécoise d'études théâtrales est très heureuse et fière d'annoncer sa membre honoraire pour l'année 2023!

Par la remise d'un titre de membre honoraire, la SQET vise à souligner une contribution significative à l'évolution et au rayonnement de la scène artistique et/ou du milieu académique en théâtre au Québec.

Nous partageons aujourd'hui l'hommage réservé à Francine Chaîné, écrit et prononcé par notre chère collègue et amie Virginie Rouxel le 8 juin dernier.

Félicitations, Francine!

***


Ottawa, 8 juin 2023 

Bonsoir à toutes et à tous,

Personnellement, j’ai rencontré Francine Chaîné, pour la toute première fois, en 2013, lors du colloque annuel de la SQET, qui avait lieu, cette année-là, à l’Université Laval. À l’époque, j’étais étudiante à la maîtrise en théâtre, et j’avais lu plusieurs de ses écrits. « Madame Chaîné » était, pour moi, une référence – ce qu’elle est toujours d’ailleurs –, mais, depuis, elle est aussi devenue une mentore, une collègue et une amie. C’est pourquoi je l’appellerai, à présent, Francine.

J’ai été invitée à prendre la parole aujourd’hui, pour participer à cette démonstration de reconnaissance amplement méritée, mais également pour vous parler d’elle et de son parcours. Il y aurait, évidemment, beaucoup à dire, mais en voici un aperçu.

En 1973, Francine complète un baccalauréat en arts visuels à l’Université Laval. Ainsi, dès le début des années 70, elle développe sa pratique artistique qu’elle maintiendra vivante pendant plus de 20 ans. Très tôt, ses œuvres, sculpturales, installatives et performatives, où elle se met souvent elle-même en scène, témoignent déjà d’une grande théâtralité. Rapidement, elle adopte également une posture réflexive. Elle questionne son travail, sa présence et le caractère évanescent et éphémère de ses œuvres. Elle cherche à rendre compte de ses expériences et de son processus de création. C’est donc en faisant de l’art qu’elle commence à écrire sur l’art.

À cette même période, en parallèle de sa pratique artistique, elle fonde, avec un collègue, un théâtre de marionnettes pour la jeunesse; et elle donne de nombreux ateliers, lors desquels elle exploite l’art marionnettique et le jeu dramatique, pour favoriser l’expression et la communication.

Elle séjournera aussi à Paris, où elle étudiera à l’école de mime Étienne Decroux. Et à la fin des années 70, à son retour au Québec, elle commence à travailler comme chargée de recherche et comme chargée de cours; ce qu’elle fera jusqu’au début des années 90, et ce, dans différentes universités, soit : à l’Université Laval, à l’Université du Québec à Montréal, à l’Université du Québec à Rimouski, à l’Université de Sherbrooke et à l’Université de Montréal. Ses cours portent sur le jeu, sur l’improvisation et sur la pédagogie artistique.

Inspirée par sa pratique enseignante à l’université, elle complète, en 1981, une maîtrise en enseignement de l’art dramatique à l’Université de Montréal. Et en 1983, une maîtrise en arts visuels, volet création, à l’Université du Québec à Montréal.

Bien qu’elle ait d’abord navigué, pendant un certain temps, entre la scène de la performance et la scène de l’enseignement, au tournant des années 90, elle délaisse sa pratique artistique pour se dédier entièrement à la formation artistique. Sa classe devient alors son laboratoire de création et de recherche, et c’est désormais au sein des milieux consacrés à l’enseignement du théâtre qu’elle s’impliquera principalement.

En 1990, elle obtient son doctorat en enseignement des arts à l’Université de Montréal, et elle devient, en 1991, professeure titulaire à l’École d’art de l’Université Laval; un poste qu’elle assumera pendant 27 ans, jusqu’en 2018. Pendant toute sa carrière, elle enseignera l’art dramatique, ainsi que les fondements théoriques en formation artistique; elle agira à titre de directrice pour différents programmes d’études; et elle assurera l’encadrement de nombreux·se·s étudiant·e·s aux cycles supérieurs. Aujourd’hui encore, elle demeure professeure associée à l’École d’art de l’Université Laval, afin de poursuivre ses projets de recherche.

Grande chercheuse dans les domaines de la création et de la formation artistique, ses recherches portent, plus spécifiquement, sur l’accompagnement en recherche-création et sur le processus de création dans une perspective ethnographique et autoethnographique.

Au fil des ans, elle a rédigé un nombre considérable de chapitres de livres et d’articles scientifiques; elle a réalisé un nombre tout aussi important de communications, tant au niveau national qu’international; elle a assuré la direction de plusieurs ouvrages et œuvré comme responsable de plusieurs colloques; et elle a multiplié les collaborations et implications de toutes sortes.

Elle est membre du comité de direction et du comité scientifique du GRET – le Groupe de recherche en enseignement du théâtre, de l’Université du Québec à Montréal, depuis 2016. Et elle est membre fondateur de la collection FRÉA – Formation et recherche en enseignement artistique, des Presses de l’Université Laval, dont elle assure la codirection depuis leur première parution, en 2016.

Il faut aussi souligner qu’elle a été responsable du comité Francophone et Francophile, au sein de l’ACRT, de 2012 à 2017, et qu’elle a été membre du conseil d’administration de la SQET, de 2011 à 2015. Depuis, elle est toujours restée à l’affut du travail réalisé par ces deux associations; et, d’une année à l’autre, elle participe encore à toutes les activités proposées par l’axe Théâtre et formation de la SQET.

Il faut également savoir que ce n’est qu’à partir des années 80 que l’art dramatique est devenu une matière distincte, inscrite au programme de formation de l’école québécoise; et ce n’est que dans les années 2000 que les arts, dont l’art dramatique, furent reconnus comme l’un des domaines d’apprentissage essentiels à la formation de l’élève. Francine fait donc partie de ce noyau restreint d’individus qui ont contribué, dès le départ et de façon continue, à cette évolution et à la reconnaissance du potentiel éducatif du théâtre, mais qui ont aussi contribué à développer la formation à l’enseignement des arts et la posture de l’artiste pédagogue.

Bref, Francine a un parcours particulièrement prolifique dont les retombées sont tangibles. Elle a été une mentore pour plusieurs étudiant·e·s qui sont devenu·e·s professeur·e·s, chercheur·se·s et mentor·e·s à leur tour. Et elle demeure une mentore pour plusieurs chercheur·se·s émergent·e·s en enseignement du théâtre, et, sans contredit, une référence incontournable dans notre domaine d’études et d’enseignement. D’une décennie à l’autre, elle a toujours su évoluer et innover, tout en faisant preuve de curiosité, d’ouverture, de dévouement et de bienveillance envers son art, son enseignement, ses collègues et ses étudiant·e·s.

Le moment était venu de souligner son travail.

Même si Francine ne croyait pas être destinée à l’enseignement artistique à ses débuts, sa trajectoire, des arts visuels à l’art dramatique, l’aura menée à contribuer, de façon significative, à l’évolution et au rayonnement du milieu académique en théâtre au Québec.

Merci et bravo Francine.
 

Virginie Rouxel

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